Docteur Marc TIMSIT
Chirurgien ophtalmologiste
Chirurgie réfractive et cataracte
OPHTALMOLOGIE.fr
L’hypermétropie chez l’enfant ou l’adulte soulève de nombreuses questions : comment évaluer sa gravité, comment évolue-t-elle, et quand les lunettes sont-elles nécessaires ?
Cette page vous guide à travers les mécanismes de l’hypermétropie, ses symptômes et les risques associés.
Découvrez également les différentes options de correction, qu’il s’agisse de lunettes, lentilles ou d’une opération.
Pour vous accompagner dans votre réflexion, le Dr Marc Timsit répond aux interrogations courantes des parents d’enfants hypermétropes, offrant des conseils éclairés pour une prise en charge optimale.
L’hypermétropie est le plus souvent due à un oeil trop court. L’image d’un objet éloigné se forme donc en arrière de la rétine.
Pour obtenir une vision claire, l’image des objets doit être focalisée sur la rétine. Lorsque cette focalisation ne se fait pas correctement la vision est floue. L’accommodation permet de mettre au point pour une vision nette au loin et, en faisant un effort supplémentaire, pour la vision de près. Le cristallin est une lentille située dans l’oeil ayant un rôle « autofocus » permettant l’accommodation, c’est à dire la mise au point automatique de l’image sur la rétine.
L’hypermétropie est l’opposé de la myopie où l’image se forme en avant de la rétine.
L’hypermétrope a des difficultés pour voir de près et pour lire, il voit généralement assez bien de loin. Contrairement au myope qui n’est gêné que pour voir de loin.
Le défaut visuel peut s’exprimer soit en chiffrant la correction nécessaire en dioptries soit en chiffrant l’acuité visuelle en dixièmes.
L’hypermétropie est faible entre +1 et +2 dioptries, moyenne de +2 à +4, forte au dessus de 4 dioptries.
Cette mesure se fait avec précision chez l’enfant après instillation pendant quelques heures ou jours d’un collyre dérivé de l’atropine qui paralyse l’accomodation.
Les nourrissons et les enfants ont très souvent une hypermétropie physiologique de 2 à 3 dioptries. Avec la croissance leurs yeux s’allongent et elle se corrige d’elle-même, généralement vers l’âge de dix-douze ans. Par contre il arrive qu’un enfant ait une hypermétropie forte (plus de 4 dioptries). Elle ne s’améliore souvent pas ou peu avec le temps.
L’association de l’hypermétropie et de l’astigmatisme chez l’enfant est une situation fréquente qui nécessite une attention particulière. L’hypermétropie, qui se caractérise par une difficulté à voir de près, est souvent présente dès la naissance et peut diminuer avec le temps à mesure que l’œil grandit.
Cependant, si elle est associée à un astigmatisme, qui cause une vision floue ou déformée à toutes les distances, cela peut compliquer davantage la perception visuelle de l’enfant.
Chez les enfants, cette double atteinte peut entraîner des difficultés dans les activités scolaires et quotidiennes, telles que la lecture, l’écriture, et la concentration.
Les enfants peuvent ne pas se rendre compte de leur problème visuel, mais les parents et enseignants peuvent remarquer des signes de fatigue visuelle, des maux de tête, ou une tendance à se rapprocher des objets pour mieux les voir.
Un diagnostic précoce est crucial pour prévenir les complications telles que le développement d’une amblyopie, ou « œil paresseux », qui peut résulter d’une vision inégalement corrigée. La prise en charge inclut généralement des lunettes correctrices qui compensent à la fois l’hypermétropie et l’astigmatisme, permettant une vision claire et un développement visuel normal.
Un suivi régulier chez un ophtalmologiste est essentiel pour ajuster la correction au fur et à mesure que l’enfant grandit.
l’hypermétropie faible est compensée par l’accommodation du cristallin, ramenant l’image sur la rétine et la vision reste bonne quand le sujet est jeune.
L’hypermétropie se manifeste habituellement tardivement.
le pouvoir d’accommodation diminue et la vision devient moins nette, d’abord de près pour la lecture entraînant une presbytie précoce, à un âge plus jeune que chez le sujet normal. Quelques années plus tard, la vision de loin baisse à son tour.
vers l’âge de de 40-45 ans, la baisse de vision évolue rapidement du fait de la sommation du handicap créé par l’hypermétropie et de celui engendré par la presbytie. Elle nécessite un changement fréquent des lunettes à foyers progressifs.
Une hypermétropie forte peut entraîner avec le temps une crise de glaucome aigu à traiter en urgence ou préventivement.
Placez vous à 3 mètres et testez chaque oeil séparément en cachant l’autre oeil. Si vous voyez le « E » plus net ou plus noir dans le rouge que dans le vert, c’est que vous avez tendance à la myopie. Ou que la lunette est sous-corrigée.
Si c’est l’inverse vous avez tendance à l’hypermétropie. Ou que la lunette est sur-corrigée.
Faut-il faire porter des lunettes à l’enfant hypermétrope ?
L’enfant est souvent faiblement hypermétrope dans le jeune âge, la croissance antéro-postérieure du globe se poursuit jusqu’à l’adolescence, et l’hypermétropie diminue alors ou disparaît. Il n’est généralement pas nécessaire de corriger une hypermétropie faible, physiologique chez l’enfant, en l’absence de strabisme.
Un astigmatisme associé, surtout oblique ou inverse, de plus d’une dioptrie, doit être corrigé car il peut être à l’origine d’une amblyopie.
Ce qui est plus ennuyeux chez un enfant c’est une grande différence de réfraction entre les deux yeux pouvant entraîner une amblyopie. Un oeil se développant plus que l’autre, la vision de cet oeil se développera de façon optimale, l’autre sera moins sollicité. En l’absence de traitement avant l’âge de 5 ans au maximum, sa vision restera plus ou moins limitée plus tard sans qu’il soit possible de l’améliorer avec une correction par lunettes ou chirurgicalement.
L’hypermétropie passe souvent inaperçue, parce que l’enfant a un grand pouvoir d’accommodation c’est-à-dire de capacité de focalisation du cristallin pour corriger cet état sans l’aide de lunettes. Elle peut cependant entraîner des tensions, des douleurs oculaires, des brûlures des yeux, des maux de tête, une vision floue de près et une fatigue oculaire, en particulier après un travail en vision rapprochée. Le trouble visuel peut ne survenir qu’après une lecture prolongée, la vision se brouille, imposant un temps d’arrêt pendant lequel le muscle ciliaire responsable de l’accommodation du cristallin se repose.
On est souvent hypermétrope sans le savoir ! La plupart des gens ne le réalisent pas avant la trentaine. Les symptômes apparaissent souvent lors d’une atteinte de l’état général (surmenage, anxiété, intervention chirurgicale, accouchement…). Ces troubles disparaissent avec la correction de l’hypermétropie.
Si l’hypermétropie est forte, l’effort d’accommodation demandé est très important et souvent, pour voir net, l’enfant palliera cet inconvénient en lisant de très près pour agrandir le texte.
L’hypermétropie forte augmente de façon importante le risque de strabisme chez l’enfant. L’effort d’accommodation que fait l’enfant pour voir net entraîne un excès de convergence donc un strabisme convergent. Ce strabisme ne doit pas être opéré car il diminue souvent avec l’âge, une hypermétropie faible ayant tendance à disparaître, l’excès d’accommodation-convergence diminue alors.
En cas de strabisme, Il faut faire porter à l’enfant en permanence une paire de lunettes corrigeant au maximum l’hypermétropie saturée. Ces lunettes corrigent le strabisme en totalité (strabisme accommodatif pur) ou en partie. Elles permettent d’attendre la croissance de l’oeil.
Après 18 ans il sera possible d’effectuer une opération par laser.
Le strabisme sera alors corrigé par la même occasion à deux conditions :
1 –que le strabisme soit accommodatif pur c’est-à-dire complètement corrigé par les lentilles et les lunettes. Sinon il ne sera corrigé que partiellement et il persitera un petit angle de strabisme, le même qu’avec la correction. Ce strabisme résiduel pourra alors secondairement être corrigé par une opération sur les muscles oculaires.
2 –que toute l’hypermétropie soit corrigée. Cela est difficile et demande une grande expérience de la part du chirurgien.
Si une opération d’un strabisme accommodatif est effectué plus tôt dans le jeune âge elle ne corrigera que la partie non-accommodative c’est-à-dire la partie visible avec les lunettes. Il ne faut surtout pas corrigé plus. Sans lunettes le strabisme ne sera pas visible, quand l’enfant retirera ses lunettes le strabisme sera alors visible. Il pourra être corrigé alors ultérieurement au laser à condition que la première opération n’ait pas sur-corrigé le strabisme.
Le risque d’amblyopie (vision faible d’un oeil) est aussi augmenté, surtout s’il existe une différence entre les 2 yeux (plus de 2 dioptries).
L’oeil hypermétrope fort est réduit dans toutes ses dimensions. La chambre antérieure de l’oeil est étroite donc l’angle entre l’iris et la cornée est étroit. Cette configuration anatomique le rend plus prédisposé au glaucome à angle fermé. Le risque est alors le glaucome aigu, à partir de la quarantaine.
• la correction peut se faire par des lunettes dont le verre convexe repositionne l’image sur la rétine.
– Chez l’hypermétrope jeune, l’acuité visuelle de loin et de près paraîtra souvent bonne si l’anomalie est faible. La correction est généralement inutile en l’absence de symptômes. La correction se fera utile plus tard, à l’âge de la presbyte, après 40 ans.
– Si l’hypermétropie est forte la correction est nécessaire. Il faut souvent sous-corriger au début pour que l’enfant tolère ses lunettes puis d’augmenter les verres jusqu’à ce que la correction nécessaire soit supportée. Par la suite, l’hypermétropie diminuant avec la croissance, la correction devra être diminuée régulièrement.
– L’hypermétrope plus âgé verra flou de loin (hypermétropie) et de près (presbytie) puisque son cristallin accommode moins. Les verres progressifs sont souvent indiqués à partir de 40 ans pour corriger à la fois la vision de loin et de près.
A partir d’un certain degré de correction, l’oeil apparaît plus gros alors qu’il apparaît plus petit derrière un verre pour myopie.
Plus l’hypermétropie est forte, plus petite est la zone de vision ne nécessitant pas une correction permanente. En simplifiant, un hypermétrope qui a besoin d’un verre de +1 dioptrie peut voir les objets situés à un mètre, mais ce qui est situé plus près est flou. Un sujet à +2 dioptries peut voir les objets situés à 50 cm, mais pas ceux qui sont plus rapprochés. Les distances variant avec l’âge en fonction de l’accommodation résiduelle du cristallin.
• la correction de l’hypermétropie peut aussi se faire par des lentilles de contact.
L’opération de l’hypermétropie ne peut se faire qu’après 18 ans seulement. Mais il n’y aucune raison d’attendre après cet âge car l’hypermétropie n’évolue pas, au contraire de la myopie.
Cette chirurgie se fait à l’aide d’un laser excimer qui fait bomber la cornée (lasik) ou, pour l’hypermétropie forte, en plaçant un implant dans l’oeil en l’absence de contre-indication.
Les interventions pour l’hypermétrope sont plus délicates que les interventions pour le myope.
Le sujet hypermétrope-presbyte est le meilleur candidat à l’opération de la presbytie par laser à un âge jeune ou par implants multifocaux plus tard.
Ces opérations sont plus délicates que pour un sujet myope mais donnent, dans de bonnes mains, d’excellents résultats et rendent au sujet une bonne vision de près comme de loin.
Si l’hypermétropie est responsable d’un strabisme accommodatif persistant après l’âge de 18 ans, la chirurgie par laser de l’hypermétropie fera disparaître le strabisme en même temps qu’elle supprimera les lunettes sans qu’il soit nécessaire d’opérer les muscles oculaires.