Docteur Marc TIMSIT
Chirurgien ophtalmologiste
Chirurgie réfractive et cataracte
OPHTALMOLOGIE.fr
Orgelet et chalazion « J’ai un bouton sur la paupière »
Interview du Docteur Marc Timsit, chirurgien ophtalmologiste
Vous vous réveillez avec une paupière enflée et douloureuse ? Découvrez comment éliminer rapidement ce petit ennemi des yeux que sont l’orgelet, le chalazion et autres boutons.
Apprenez les gestes simples pour éviter qu’ils ne reviennent troubler votre quotidien.
Contenu de la page
♦ VOIR LE FORUM : → Traitement du chalazion
C’est un cas de figure classique en matière de chalazion :
– Pour traiter un chalazion il faut essayer d’abord une pommade cortisonée une dizaine de jours. Elle peut faire diminuer le chalazion, le rendant moins inesthétique, mais ne le fait pas disparaître complètement.
– Si l’aspect reste alors inesthétique il faut inciser chirurgicalement le chalazion, généralement par l’intérieur de la paupière et tout disparaît. Cela peut être fait au cabinet ou en clinique.
– Si on attend quelques mois ou si la première opération n’a pas totalement retiré le chalazion, il se forme un kyste fibreux. Il nécessite alors une ré-opération au bloc opératoire, sous microscope chirurgical, pour disséquer et exciser la totalité du kyste qui est devenu dur et adhérent aux tissus.
Ce geste nécessite alors une certaine expérience sinon on aura l’impression que l’opération n’a pas réussi.
Cela peut aussi être réalisé par une opération au laser au cabinet si le kyste est externe.
L’opération du chalazion chirurgicale ou au laser doit être effectuée par un chirurgien expérimenté.
Il faudra ensuite traiter une blépharite chronique pour éviter les récidives
Un orgelet ne s’opère pas : il se traite avec une pommade anti-saphylococcique.
La situation dans la paupière est différente. L’orgelet est une infection à staphylocoque qui se situe au bord de la paupière, au niveau du bord libre. Le chalazion est une boule de graisse enflammée se situant dans la paupière, à l’intérieur.
L e chalazion est une tuméfaction inflammatoire bénigne liée à l’obstruction par du sébum d’une glande de Meibomius. Le sébum, irritant, ne pouvant plus être évacué, s’accumule dans la paupière et entraîne une réaction inflammatoire.
Les glandes de Meibomius sont des glandes sébacées situées dans les paupières. Elles sont au nombre de 25 à 30. Elles sécrètent une substance lipidique (meibum) s’intégrant aux larmes pour éviter leur évaporation au contact de l’air. Leur contenu se déverse par des orifices se trouvant sur le bord libre des paupières.
L’orgelet (aussi appelé « compère loriot » en raison de sa ressemblance avec un grain d’orge) correspond à l’infection d’un follicule pilosébacé situé à la base d’un cil, le plus souvent par des staphylocoques. Les bactéries se logent dans la racine des cils. Les glandes obstruées à la base des cils gonflent et s’infectent.
Au départ, les deux affections présentent des symptômes assez proches : rougeur de la paupière, œdème, douleur, tuméfaction…ce qui rend parfois leur distinction compliquée.
Orgelet et chalazion ne sont pas contagieux.
Par la suite, le chalazion se développe à distance du bord libre de la paupière et peut, selon les cas, se présenter plutôt vers l’intérieur de l’œil (du côté conjonctival) ou vers l’extérieur de l’œil (du côté cutané). La tuméfaction devient ensuite généralement indolore.
Un chalazion peut entraîner un astigmatisme.
L’orgelet se développe sur le bord de la paupière, au niveau d’un cil et reste sensible au toucher. Un point blanchâtre rempli de pus peut se développer au centre de l’orgelet puis se rompre spontanément en 2 à 4 jours ce qui soulage généralement le patient.
Les deux affections peuvent régresser spontanément.
l’orgelet évolue généralement favorablement en quelques jours sous traitement,
le chalazion sous traitement disparaît en quelques jours, une ou deux semaines. Il perce ou se vide.
S’il ne disparaît pas il y a un risque d’enkystement et il restera, nécessitant une opération plus complexe. Il faut donc intervenir chirurgicalement avant ce stade.
« depuis combien de temps avez-vous ce problème? »,
« Est-ce la première fois? »,
« Avez-vous d’autres symptômes (généraux ou oculaires)? »,
« Avez-vous déjà essayé un traitement ? »,
« Est-ce basé sur un cil ? »
« voyez-vous correctement ? »,
« Est-ce très douloureux ? »,
« la lumière vous gêne-t-elle ? »,
« Avez-vous subi un traumatisme ou une intervention ophtalmologique récemment? » permet de déterminer l’urgence ophtalmique
« Portez-vous des lentilles? »,
« Souffrez-vous de pathologies ? »
car certaines pathologies peuvent favoriser les infections comme le diabète mal équilibré, une immunodépression…
« Prenez-vous d’autres traitements par voie oculaire (corticothérapie locale…) ? »
L’orgelet et le chalazion sont des tuméfactions bénignes des paupières.
•Vérifier l’absence de critère(s) d’urgence : traumatisme, forte douleur, baisse brutale de l’acuité visuelle, l’apparition d’éclairs lumineux et/ ou de voile noir (signes de décollement de la rétine), photophobie et/ou hyperhémie plus marquée autour de l’iris (traduit une atteinte sévère du segment antérieur de l’œil). Si un ou plusieurs de ces critères sont présents, orienter le patient vers un ophtalmologue en urgence.
• les orgelets simples, récents (moins d’une semaine) et non récidivants peuvent être pris en charge à la pharmacie. En revanche, en cas de récidive et/ou de sujets à risque une consultation médicale sera nécessaire afin d’instaurer un traitement antibiotique.
• Face à un chalazion, plus complexe à prendre en charge et qui a souvent tendance à tendre vers un enkystement, il est généralement recommandé d’orienter le patient vers un médecin, d’autant plus si le chalazion est gros et récidivant.
Docteur Marc Timsit :
« Le traitement médical est efficace dans les premiers jours »
«Souvent, après seulement une semaine, le chalazion est déjà enkysté, donc le traitement doit être rapide ».
Le rendez-vous ne présentant pas de caractère d’urgence, des conseils peuvent néanmoins être prodigués en attendant la consultation.
• le médecin généraliste peut suffire pour la première prescription. En revanche, en cas de persistance des symptômes malgré un traitement bien suivi, le patient devra consulter un spécialiste pour, éventuellement, un geste chirurgical.
Que le patient présente un orgelet ou un chalazion, le conseil en pharmacie se révèle assez proche application de chaleur sur les paupières suivi d’un lavage oculaire et de collyre antiseptique.
Application de chaleur sur les paupières
C’est le principal conseil à donner à l’officine face à un chalazion, en attendant la consultation médicale. Cela permet d’aider à la fluidification et au drainage de la glande obstruée.
« C’est le conseil le plus efficace et le moins dangereux que le pharmacien peut donner ».
Le nodule se trouvant à distance du bord libre de la paupière, il est parfois recommandé au patient d’effectuer un massage léger de la paupière afin d’aider à l’évacuation des composés lipidiques, préalablement ramollis par la chaleur vers les orifices présents sur le bord libre de la paupière.
Le Dr Timsit, chirurgien ophtalmologiste et rédacteur du site www.ophtalmologie.fr ajoute « Honnêtement, vouloir extraire la graisse d’un chalazion par le massage est illusoire. Non seulement ce n’est pas vraiment efficace mais en plus, c’est douloureux pour le patient. Le massage sera surtout recommandé en prévention chez des patients faisant des chalazions à répétitions ».
Même si l’orgelet disparait spontanément en quelques jours dans la majorité des cas, l’application de chaleur peut parfois permettre d’accélérer la guérison lorsque l’orgelet est « mûr », c‘est à dire purulent, en favorisant l’évacuation du pus. Cette méthode a pour but d’accélèrer la guérison et d’apporter par la même occasion un soulagement au patient.
« Ensuite, on peut essayer de faire sortir le pus en pressant légèrement dessus mais à condition de bien nettoyer l’œil par la suite » préconise le Dr Marc Timsit. «Par contre, si l’orgelet n’est pas mûr, cela ne servira pas beaucoup….».
Les lavages oculaires : le lavage permet non seulement de nettoyer l’œil des débris éventuels (pus, sébum, etc.), mais également de réduire la population infectieuse (bactéries, virus, champignons) par une action purement mécanique. Le lavage peut être réalisé avec du sérum physiologique ou avec une solution de lavage oculaire (solutions boratées et/ou salicylées) légèrement antiseptique et astringent. Ciella, Optrex, Dacryum, Dacryoserum, Dacudoses, …sont quelques exemples de solutions de lavage oculaire. Les antiseptiques Biocidan, Desomédine, Vitabact, Novoptine… •Ils sont généralement suffisants dans les infections superficielles de l’œil et de ses annexes. Ils ont pour but de contenir l’infection ou de prévenir une surinfection. •Généralement bien tolérés, ils peuvent éventuellement être responsable d’irritations voir, rarement, d’allergies. Ils ne doivent pas être utilisés sur le long cours
Leur utilité est néanmoins mise en doute par le Dr Timsit « Je ne suis pas sûr que cela soit efficace. Un staphylocoque (orgelet), on ne peut pas le traiter avec un antiseptique. Et un chalazion, c’est inflammatoire. Donc on peut conseiller les collyres antiseptiques pour faire patienter les gens, en attendant leur consultation, mais il ne faut pas qu’ils s’attendent à un miracle »
Si l’orgelet est purulent, on peut recommander l’application de chaleur. Sinon, cela n’est pas nécessaire. Pour le chalazion, l’application de chaleur est toujours recommandée.
Plusieurs méthodes permettent l’application de chaleur sur les paupières : des compresses (non obligatoirement stériles), un gant/linge de toilette propre ou, quand le problème est récurent (patient sujet aux blépharites chroniques), des masques chauffants à mettre au microonde. Ils conservent la chaleur plus longtemps et leur utilisation plus aisée.
Ex : THERAPEARL® de Bausch + Lomb ; Blephasteam® de chez Thea
Application de chaleur : • Imbiber d’eau chaude, mais pas brulante, une compresse (pas forcément stérile) ou un linge propre (un gant par exemple).
L’appliquer sur les paupières, œil fermé, pendant une dizaine de minutes.
Afin de garder la chaleur, il est recommandé de repasser régulièrement le support sous l’eau chaude.
• A faire 2 à 4 fois par jour
• Suivre les recommandations du fabricant pour les masques chauffants
•Gouttes oculaires : (lavage et collyre)
•Réaliser un lavage oculaire directement par jet, en retournant le flacon et en appuyant légèrement dessus. Ne pas mettre en contact l’embout du flacon avec la surface de l’œil ou les paupières. Essuyer l’excédent avec une compresse ou du coton hydrophile.
•Respecter idéalement un intervalle de 15 minutes entre l’administration de 2 collyres
•Bien respecter les posologies (généralement 3 à 6 fois par jour), les durées de traitement et les modalités de conservation de chaque traitement.
•Rappeler les règles d’hygiène pour éviter toute surinfection ou propagation de l’infection : Bien se laver les mains avant les soins, …
•Eviter d’y toucher : Ne pas percer le nodule, ne pas se frotter l’œil ni toucher à l’orgelet pour éviter sa propagation.
• Eviter de se maquiller pendant la durée du traitement.
•Eviter le port de lentilles pendant le traitement.
« Dans le cas du chalazion, qui est inflammatoire, le patient pourra les remettre une fois le problème résolu.
Par contre, dans le cas d’un orgelet où il existe un contexte infectieux, il vaut mieux que le patient change de lentille » explique le Dr Timsit.
En profiter pour rappeler également les règles d’hygiène associées au port des lentilles : lavage des mains avant la pose, ne pas les rincer sous l’eau, etc.
•En l’absence d’amélioration de l’orgelet dans les 2 à 3 jours qui suivent le début du traitement, consulter un ophtalmologue.